Si les juges, "ces
éteignoirs de la pensée" sont des vautours encore
plus voraces que les autres, cest dans la défense de
ses collaborateurs en prison que Grandjouan traite de ce thème
avec le plus de talent et de verve : en particulier lors de la campagne
de soutien pour libérer Aristide Delannoy, condamné
en 1909 à un an de prison pour des dessins parus dans Les Hommes
du jour. Grandjouan, Janvion, Griffuelhes et Daudet décident
la création dune affiche reproduisant en son centre la
lettre dAnatole France envoyée au prisonnier :
Grandjouan est lui-même
confronté à la justice. Poursuivi à plusieurs
reprises pour injures à larmée et provocation
à la désobéissance, il est de nouveau interpellé
en 1911 pour des dessins antimilitaristes publiés dans La voix
du Peuple. Il est condamné à dix-huit mois de prison.
Grandjouan choisit lexil et se réfugie en Allemagne,
à lécole de danse dIsadora Duncan, puis
voyage en Egypte et à Venise aux côtés de la troupe
de la danseuse.