Le Mois du Graphisme
 
  L' EXPOSITION

Jules Grandjouan
"La Révolution"
Affiche, 1906
Collection Langevin

 

 

Si l’affiche publicitaire illustrée connaît son âge d’or à la fin du XIXème siècle, l’affichage politique demeure, lui, très traditionnel, les "placards-textes" restant les principaux vecteurs de la propagande.
Les premières images liées à la contestation sociale apparaissent néanmoins par le biais d’affiches de journaux, théâtres ou romans dont le discours est prétexte à une iconographie politique.
Grandjouan jette la caricature politique sur les murs. Dès avant 1914, il a vraiment compris la dimension singulière de l'affiche. Regardée à vue d'homme, elle s'inscrit dans le cours de la marche pour le passant, véritable spectacle au sein de l'espace social. Il y introduit une composition vertigineuse où le spectateur se trouve investi. Des diagonales impliquent les ruptures désirées, la Révolution étant exemplaire à cet égard.
 
 
Jules Grandjouan
"Ne vote plus, prépare la révolte"
Affiche éditée par le Comité révolutionnaire antiparlementaire, 1910
Collection Langevin
Jules Grandjouan, anarcho-syndicaliste, rejette dans cette période toute participation politique et notion de partis. Les hommes politiques sont la cible de son crayon vengeur en particulier Clémenceau, le "flic à la tête de mort" jugé responsable du drame de Villeneuve-Saint-Georges et les membres des partis socialistes car "ils sont de nos rangs et font dévier notre action". Grandjouan et Urbain Gohier publient en 1903 un pamphlet antijaurésien, L’Ascète au beurre, où il dénoncent avec férocité la participation de Jaurès aux dîners protocolaires et aux revues de troupes qui "font de lui le complice des tortures infligées dans les camps disciplinaires et des meurtres dans les colonies".
 
Au moment des élections de 1910, Grandjouan est très actif dans la propagande anti-électorale. Président, secrétaire et trésorier du comité révolutionnaire antiparlementaire mis en place par La Guerre sociale, il envoie des circulaires, donne des conférences et compose deux affiches (Le Vol des Quinz’mill et Ne vote plus prépare la révolte) dans lesquels il dénonce la corruption des députés et soutient qu’aucune émancipation sociale ne peut sortir de l’urne.