L'exposition
-- En avant la musique
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Mettre en images la musique, immatérielle par essence, apparaît comme une gageure. Pourtant, ils connaissent la musique et le proclament. Ils renouvellent chaque année un vocabulaire formel sans tomber dans les sempiternelles clefs de sol. Ils invitent au concert un public local, régional, national, voire international. L'exposition "On connaît la musique !", coproduite par le Mois du graphisme de la ville d'Échirolles et le CCI, met en scène les interprétations libres de Fauchère / Corbin, Annick Orliange et Michel Bouvet sur ce thème imposé.
Rares sont les commandes suivies dans le domaine de la musique en France. Pourtant, Annick Orliange suit l'aventure de Banlieues bleues en Seine-Saint-Denis depuis leur création en 1983, Fauchère / Corbin travaillent pour l'École nationale de musique et de danse de la ville de Montreuil depuis 1986, et on doit à Michel Bouvet des affiches de la Fête de la musique ou du Printemps de Bourges.

 
-- Coup sur coup
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J'ai réalisé les affiches de la Fête de la musique en 1987 et 1992, remarque Michel Bouvet. Même si j'avais toute liberté pour les réaliser, la particularité de cette commande initialisée par le CENAM (Centre national d'action musicale) est qu'elle tient compte d'un nombre important d'avis, y compris ceux des directeurs de cabinet et du ministre de la Culture lui-même. Quand je travaille pour un festival de jazz ou pour un spectacle de théâtre, j'essaie d'imaginer les codes de leurs publics spécifiques. Je joue sur leurs symboles.

-- image -- Michel Bouvet
Comment jouer ensemble ?
Centre de pratique instrumentale des musiciens amateurs d'Ile de France
Affiche 70 x 100 cm
Photo Françis Laharrague
1988
 
 
 
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image Michel Bouvet
Le Jazz dans tous ses états
Le Pollen, CAC de Saint-Quentin-en-Yvelines
Affiche 120 x 176 cm
Photo F. Boissière
1989
 
 
 

-- La Fête de la musique est une fête populaire. Il s'agit de s'adresser à tous. Ce qui est à la fois exaltant et inquiétant. L'image doit être fraîche et gaie mais également compréhensible en Lozère, au Sénégal ou en Chine populaire. A la limite, elle devrait pouvoir se passer de texte.
Autre contrainte, elle doit être facilement reproductible à des milliers d'exemplaires, réadaptée, bidouillée dans tous les sens...
A titre indicatif, I'affiche est tirée en moyenne à 600 000 exemplaires, traduite dans vingt-deux langues et reprise sur un million de tracts. Mais des produits dérivés insolites peuvent entrer en ligne de compte: les instruments de musique de l'affiche de 1987 ont été reproduits sur cinq milliards d'emballages de sucre. Ici, I'affiche intervient comme un outil de propagande musicale. C'est pourquoi je ne dois avoir aucune complaisance avec moi-même et me mettre avant tout au service du public.
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-- image -- Michel Bouvet
Fête de la musique
Ministère de l'éducation et de la culture
Affiche 80 x 120 cm
et premières recherche
1992
 
 
 
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-- Pour mettre au point le concept, Michel Bouvet réfléchit d'abord en mots, listant les images mentales ou les évocations capables d'illustrer son propos. Dans Fête de la musique, il y a fête et musique. Je fais deux colonnes et je cherche. Après cette recherche de vocabulaire, Michel Bouvet associe les termes et les convertit en images en exécu- tant une quinzaine de propositions, où il épuise toutes les combinaisons possibles sur des petits croquis de 8 x 12 cm ou 10 x 15 cm. Le petit format me permet de conserver la spontanéité du trait et de prendre plus de liberté. Pour l'affiche de 1992, parmi les différentes esquisses, I'image de la main-saxo d'où s'échappent des couleurs a été finalement retenue, faisant l'unanimité. Elle semble être une injonction à jouer, comme le rappelait le mot d'ordre des premières affiches de cette manifestation : "Faites de la musique". --
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suite
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