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Chantal Cornier
Élu, graphisme, pouvoir, la question est assez compliquée
parce que ce n’est pas forcément une question à
laquelle on réfléchit tous les jours. C’est peut-être
plus simple quand on est dans une ville comme Échirolles, où
effectivement il y a ce travail autour du graphisme depuis quinze
ans, qui oblige à la réflexion. Et puis, je vais faire
attention car il y a le directeur de la communication de la ville
à mes côtés, et l’on sait que la question
des relations entre la culture, la communication et le graphisme n’est
pas toujours simple. Avant d’être élu, on est d’abord
citoyen, et être graphiste c’est un métier, comme
être architecte par exemple. On arrive à une autre question.
Architecte c’est un métier, mais on n’a pas forcément
besoin d’un architecte pour construire sa maison. La législation
française fait qu’aujourd’hui vous pouvez construire
votre maison sans faire appel à un architecte. Un nouvel élu
doit réfléchir à cela et commencer par apprendre,
non pas des aspects techniques du métier de graphiste mais
en se posant des questions sur ce qu’est cette fonction de communication
dans une ville. |
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C’est vrai. Je pense que je porte un projet qui
est intéressant pour les citoyens de la commune dans laquelle
j’agis, et j’aimerais bien pouvoir continuer, ce qui est
légitime. Mais, ces citoyens ne vont pas (re)-voter pour moi
parce qu’à un moment donné d’une campagne
électorale, il y aura des affiches sur des panneaux, d’ailleurs
absolument atroces. Ils vont voter sur l’action que j’ai
menée et sur ce que j’ai pu leur en dire. Ce n’est
pas si simple. Si je prends le champ de la culture, je peux leur dire
qu’à Échirolles il y a le "mois du Graphisme"
d’accord ; mais une fois que j’ai dit cela je n’ai
rien dit. On va me dire « d’accord , mais ça sert
à quoi ? » Est-ce que cela touche des échirollois
? Et là, tout de suite je vais tomber dans des choses plus
complexes. Il y a le week-end inaugural auquel on participe et, pendant
un mois, il va y avoir tout un travail fondamental – je prends
cet exemple car il me tient à cœur – qui va être
fait avec des écoles, avec des habitants, avec des étudiants.
Or ce travail ne se voit pas, alors que j’ai envie d’en
dire quelque chose aux citoyens car il me semble au cœur de mon
action. La première question autour de la communication est
celle-là : qu’est-ce que je vais dire aux citoyens de
quelque chose qui n’est pas forcément visible qui ne
fait pas forcément événement ? Je dois apprendre
en tant qu’élue, si en tout cas je suis sur un projet
politique qui vise à la démocratie et à la liberté,
à prendre des risques. Ai-je envie de porter un projet politique
qui est le projet que porte l’économie libérale
aujourd’hui ? |
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Juste un petit mot sur la question des pouvoirs. Elle est complexe
car on investit souvent l’élu de pouvoirs qu’il
na pas. Certes, l’élu a du pouvoir, mais tout le monde
a du pouvoir. Les directeurs de communication ont beaucoup de pouvoir,
car les élus sont rarement en liens avec les graphistes. Et
les graphistes ont aussi le pouvoir de savoir plaider leur projet
auprès des élus, et d’en montrer l’intérêt
dans le contexte politique dans lequel le projet s’inscrit. |
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