Le Mois du Graphisme
 
  L' EXPOSITION
Musée des Arts et Métiers de Paris
Décembre 1995 : un appel d'offres international concernant la signalétique du musée des arts et métiers fut lancé par la Mission Interministérielle des Grands Travaux. Celle-ci, sous l'autorité du Premier Ministre, suivait déjà la rénovation du musée à la suite d'un grand concours architectural initié en 1992 dans le cadre des Grands Travaux proposés par François Mitterrand, alors Président de la République.
De janvier à mars 1996, lauréats du premier tour de la consultation où cinq agences, parmi plusieurs dizaines, avaient été retenues pour présenter un projet signalétique pour le musée, nous nous mîmes au travail. La première étape consista à lire, et surtout à comprendre, le très volumineux dossier qui nous avait été remis par le maître d'ouvrage. Pendant trois mois, les réunions se succédèrent. Réflexions, échanges, esquisses... aboutirent à un projet signalétique dans lequel nous avions mis tous nos rêves : couleurs, images, typographie composaient un ensemble que nous voulions clair, cohérent mais aussi original, coloré et surtout poétique, à l'image de ce musée que l'esprit de Jules Verne semblait avoir inspiré. Le jury composé de scientifiques, de conservateurs du musée, de personnalités nommées par le maître d'ouvrage, sans oublier les architectes de la rénovation, retint deux équipes de graphistes. Nous étions l'une d'entre elles. Après la réalisation de prototypes en taille réelle et plusieurs entrevues au cours desquelles nous devions défendre notre projet, nous fûmes déclarés titulaires du marché de signalétique du Musée des arts et métiers.
Début 1997, après de multiples visites de chantier en compagnie de la directrice et des conservateurs du musée, nous pûmes véritablement commencer à travailler. Engagés pour la première fois dans un projet d'une telle ampleur, nous pûmes mesurer l'écart abyssal qui existe entre une simple commande ponctuelle faite à des graphistes et la conception globale d'une signalétique d'un grand musée, véritable scénographie des images et des mots. Car, si l'aspect formel revêt, bien entendu, une importance capitale, les préliminaires intellectuels et conceptuels sont capitaux pour forger une véritable identité graphique tridimensionnelle.
La signalétique muséographique doit poursuivre quelques buts essentiels : accompagner le visiteur dans une découverte à la fois passionnante, scientifique et fluide des collections, rendre aisément lisibles et surtout intelligibles les textes contenus dans les supports signalétiques placés à côté des objets du musée mais aussi s'intégrer le plus justement et le plus esthétiquement possible à l'architecture des lieux et à la muséographie proposée.
Ces trois années qui précédèrent l'ouverture du musée furent consacrées à la conception, à la réalisation et au suivi de fabrication de l'ensemble des supports signalétiques qui jalonnent désormais le parcours du visiteur. Tests des panneaux en taille réelle, implantation de l'ensemble des supports, recherches sur les matériaux envisagés pour leur construction, réunions hebdomadaires sur le lieu du chantier, contrôle de lisibilité par des commissions compétentes... rythmèrent la vie de l'atelier pendant toute la durée du projet. Le plus difficile, parfois, fut de convaincre nos interlocuteurs du musée et de la maîtrise d'ouvrage de la pertinence de nos propositions et de la qualité du projet global que nous envisagions. En règle générale, la signalétique des musées ou d'autres institutions décline plutôt une gamme
assez large de gris ou une monochromie plutôt terne tandis que nous proposions une symphonie de couleurs accordée à la variété des objets et aux
teintes retenues pour les murs des différentes salles du musée.
De plus, nous avions pris le parti de caractériser chaque domaine du musée (instrument scientifique, matériaux, transports...) par une image et par une trame le symbolisant. La signalétique devenait une image, dépassant le cadre habituel de fonctionnalité qu'on lui attribue généralement.
Les débats furent parfois vifs d'autant que l'enjeu paraissait de taille à tous les protagonistes : réussir un musée scientifique accessible à tous, combinant savoir et esthétique, technique et poésie. Un vrai musée des arts et métiers en somme.
Courant 1999, nous fûmes également chargés de la création du logotype du musée. Après quelques tentatives infructueuses et de nombreuses semaines de travail, nous parvîmes à synthétiser un dimanche après-midi, ce qui, pour nous, reflétait le mieux le Musée des arts et métiers : un "M" institutionnel, une évocation de l'architecture intérieure et l'objet symbolique du musée, le pendule de Foucault si justement décrit par Umberto Ecco dans son ouvrage éponyme.
Les derniers mois furent consacrés à suivre la fabrication des supports signalétiques, à déterminer les derniers réglages en matière de couleurs, matériaux et à assister à l'impression des panneaux en sérigraphie. Les panneaux furent posés, implantés, fixés...
Cela prit quelques temps et en mars 2000, le musée ouvrit.
Notre mission était accomplie.
MICHEL BOUVET
L'équipe
était constituée de :
Michel Bouvet,
Agnès Pichois,
Constanza Matteucci, Caroline Pauchant,
Agnès Sturnich graphistes,
et du précieux conseil technique en signalétique
d'Alain Verdillon
(Marcal Signalétique)
et en scénographie de Manuela Manzini.
Merci à Valérie Durand et Lyonel Maillot
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Sérigraphie
sur métal.