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Un entre-tien vaut mieux que deux tu l'auras |
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Vincent Pachès / Comment avez-vous été conduit à collaborer avec VST depuis une dizaine d'années ? Le fait est assez rare pour qu'il mérite d'être signalé. D'aucuns le qualifierait de précieux. |
André François / Cela se perd dans la nuit des temps. Quelqu'un m'a téléphoné, à cette époque c'était Denis Bordat mais la collaboration fut ponctuelle. À partir d'un certain moment c'est devenu une véritable occupation, préoccupation. Cela coïncide avec l'arrivée de Vincent Pachès au sein de la revue. Des atomes crochus avec Vincent, et aussi avec Roman Cieslewicz qui était un ami et qui a réalisé la maquette de la nouvelle formule ont permis une grande confiance entre nous. C'est cette confiance réciproque qui a fait que ma collaboration est devenue régulière, s'est poursuivie, ne s'est pas arrêtée depuis douze ans et comme l'on dit dans les cérémonies jusqu'à ce que la mort vous sépare. Il y a également, au delà des personnes la confiance que la revue accorde aux artistes et la confiance des artistes qui peuvent travailler sachant qu'ils seront entre guillemets compris. Tout cela est sans doute exceptionnel car dans les médias d'aujourd'hui, c'est la forme qui dicte le contenu, avec VST c'est l'inverse c'est le contenu qui dicte la forme et c'est une différence essentielle. ![]() |
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VP / Même si l'expression a été galvaudée, VST est une revue engagée qui s'engage pour une plus grande humanité en santé mentale. Comment vous situez-vous ? |
AF / Quant on voit l'horrible démagogie autour des grandes campagnes avec ces appels incessants aux dons, aux sentiments du public, aux sentiments les plus élevés comme les plus bas. Là, il s'agit de santé mentale et non de sentimentalité. Ce n'est pas une approche larmoyante. L'humanité qui s'en dégage est évidente. Il ne s'agit pas de s'apitoyer, cela invite à une certaine clairvoyance. Mais j'ai tort de penser tellement, vous savez c'est très fatiguant. Que peut-on dire encore : que tous les artistes sont fous, mais que tous les fous ne sont pas forcément des artistes. |
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Propos recueillis par Vincent Pachès, |
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Considérer l'autre, le malade, le fou comme notre prochain, c'est le reconnaître sujet d'un désir et donc entreprendre avec lui un dialogue difficile. Ce dialogue en mots et en images s'est instauré depuis 10 ans au sein de la revue de santé mentale VST. Il donne à voir les multiples facettes de la psychiatrie d'aujourd'hui. Mais au-delà de cette thématique, ce fut aussi un dialogue entre André François et moi-même, ou plus précisément entre les mots et les images que nous produisons l'un et l'autre. La règle était admise, je donnais les mots, André François leur donnait une image. Ni photographie, ni illustration, tout juste un miroir où l'équilibre était fragile. Dépasser le commentaire n'est pas chose aisée, je n'ai jamais considéré que le mot devait être pris au pied de la lettre par l'image. Mon immense bonheur, c'est qu'au pied du mur, ni l'un ni l'autre n'a fait le pied de grue. Vincent Pachès |