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Le graphiste historien, le devoir de la mémoire ![]() | ||||
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Il est fréquent de dire qu'à travers l'affiche l'on peut appréhender une réalité, un art de la rue, accéder à la contestation, voire même à des revendications révolutionnaires. En ce sens, les affiches présentées ici (la plupart ayant été réalisées avant et après la dictature) retracent une partie de l'histoire d'Argentine : cette Argentine plongée dans l'ère iconoclaste où la liberté d'expression était synonyme de peur, où la censure, officielle et omniprésente, poussait la plupart des argentins à pratiquer l'autocensure. Les réveils ont toujours quelque chose d'incertain. Après dix ans de dictature, nous sommes toujours hantés par nos fantômes. Nous avons des enfants mi-ange et mi-démon, fruit du machiavélisme de quelques militaires qui se sont livrés au trafic d'enfants. Il n'est pas rare de croiser fortuitement, dans les rues de Buenos Aires, l'un des anciens généraux de la Junta militar. Outre le fait qu'il proclame auprès des médias son action héroïque lors de la sale guerre, il revendique l'importance de son rôle dans le nettoyage du pays par "l'élimination" de tout élément dit subversif. Le besoin de rétablir l'histoire et d'affronter la douloureuse réalité de notre récent passé, s'impose au peuple argentin. Lors de la chute du régime militaire, nous avons pris conscience de l'ampleur du plus terrible drame de l'histoire argentine. L'acception espagnole de Desaparecidos devint le triste privilège argentin connu dans le monde entier. Membre de la Commission nationale sur la disparition des personnes, l'écrivain Ernesto Sabato rédigea le rapport Nunca Mas dans lequel furent compilés tous les documents référents aux multiples violations des droits de l'homme pratiquées systématiquement en Argentine depuis mars 1976. Malgré ces faits accablants, le pouvoir politique, avec la complicité d'une grande majorité d'argentins, préconisa l'oubli... Après avoir commandé des investigations sur le terrorisme d'état et mis en marche la justice à l'encontre des anciens dictateurs, le gouvernement radical de Raùl Alfonsin promulgua les lois de Punto Final et de Obedienca debida. La première mis fin aux procès contre les militaires, la seconde absout de toute responsabilité les militaires chargés de la répression. Pour finir, l'actuel président péroniste, Carlos Menem, proclama l'amnistie générale dès le début de son premier mandat en 1989. ![]() |
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L'Argentine de la dernière
dictature![]() | ||||
1976![]() |
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Mai : Coup d'état. Mise en place du "Processo de Reorganizaciòn Nacional" (Processus de réorganisation national). Dictature militaire. Le général Jorge Videla assume la présidence. Suspension du droit de grève. Nombreux assassinats et disparitions. Avril : Plan économique ultra-libéral de Martinez de Hoz. Octobre : Autodafé des livres de Mao, Che Guevara, Trotsky, Fidel Castro et des correspondances de Peròn-Cooke. On interdit le film "Le dernier tango à Paris". "Listes noires" d'écrivain, artistes et journalistes interdits de moyens de communication. |
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1977![]() |
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Avril : Première marche des "Madres de la Plaza de Mayo" (Mères de la place de Mai). Mai : L'épiscopat dénonce les disparitions de personnes. |
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1978![]() |
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Juillet : Exploitation du Mondial 78 en faveur du régime. Août : Disparition de l'écrivain Rodolfo Walsh. On interdit le numéro 7 de la revue humoristique Mad. |
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1979![]() |
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Avril : Statut de "Détenus terroristes" Septembre : "Solution" officielle sur les disparus. Visite à la commission interaméricaine des droits de l'homme |
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1980![]() |
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Mai : Loi de privatisation Scandales financiers Avril : Rapport de la Commission interaméricaine des droits de l'homme |
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1981![]() |
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Mai : Présidence du général Roberto Viola Novembre : "Marche du travail" de la C.G.T Décembre : le Junte Militaire destitue Viola. Le général Leopoldo Galtieri assume la présidence. Les romans de Ernest Sàbato sont interdits dans les écoles. |
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1982![]() |
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Mai : Grève générale. Violents affrontements entre manifestants et policiers sur la "Plaza de Mayo". Avril : Invasion des îles Malouines. Juin : Reddition argentine aux Malouines. L'armée destitue Galtieri et assume le pouvoir politique. |
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1983![]() |
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Septembre : Auto-amnistie des militaires. Octobre : Elections générales. Triomphe du parti radical de Raùl Alfonsin. Décembre : Investigation sur le terrorisme d'Etat. |
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1984![]() |
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Février : Réforme du code pénal militaire |
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1985![]() |
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Avril : Procès des anciens combattants militaires |
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1986![]() |
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Décembre : Loi de "Punto Final". Suspension des procès contre les militaires. |
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1988![]() |
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Avril : Rébellion militaire dite de "Carapintadas" (visage peinturluré) du colonel Aldo Rico. Juin : Loi de "Obedienca debida" (Obéissance due) qui absout de toute responsabilité les militaires chargés de la répression. |
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1989![]() |
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Janvier : Nouvelle rébellion des "Carapintadas" Mai : Elections générales. Triomphe du parti péroniste de Carlos Menem. Novembre : Le président Menem, proclame l'amnistie générale. |
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