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La vie des signes![]() |
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![]() Logotype pour la chaine télévisuelle M6 1987 ![]() Logotype pour la chaine télévisuelle la Sept 1985 |
Lignes, gabarits, grilles, mires sont à l'univers des signes ce que le climat, la géologie et la météo sont à la végétation: des conditions nécessaires à l'éclosion. Rien n'émerge sans que certaines structures, incitations et contraintes soient réunies en un équilibre propice à l'épanouissement de telle plante, de telle forme, de telle couleur. C'est vrai des logotypes et des arbres, des pictogrammes et des cactus, des lettres cornme des fleurs. Étienne Robial crée les conditions d'apparition des signes -dessins, sigles, caractères- et, en même temps qu'il les crée, il instaure les hypothèses de leur développement autonome. Sans lui, Étienne Robial qui les regarde alors, vivre leurs vies de signes. C'est vrai des bandes déssinées, des blasons télévisés et des identités visuelles déclinées en produits dérivés. Il faut, pour créer de manière à être sûr de pouvoir regarder vivre ce qu'on a créé, un double tempérament d'esthète-ingénieur. L'esthète préside à l'avènement du Beau. L'ingénieur veille à l'efficacité du Beau. Si c'est beau, ça plaît. Si c'est efficace, ça dure. Il faut bien que quelques signes plaisent et durent, au sein de la profusion actuelle de signes quelconques et fugaces. Il le faut, car les gens ont besoin de repères. Repères territoriaux : sur quelle chaîne suis-je ? Un M joue avec un 6. Compris. Repèrès chronologiques : ou en sommes-nous de la journée ? Les signes auquels Étienne Robial a donné vie disent tout cela en un clin d'oeil, par leur forme ou leur couleur. L'ellipse de Canal Plus est bleue, c'est le matin. Bien sûr, il n'a pas mis du bleu sur l'ellipse pour donner l'heure. Juste une indication de climat. Certains signes rendus évidents par Étienne Robial s'assemblent, sans avoir rien de très précis à dire, juste parce que cet assemblage était envisageable parmi leurs hypothèses de développement autonome. Car si les signes de Robial ne s'usent guère, c'est en raison d'une double démarche qu'il faut essayer de reconstituer. |
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Le schème est la particule élémentaire de l'univers des signes selon Robial. Une particule chargée de potentialités graphiques et dynamiques. Le schème de l'angle, par exemple, est riche en formes géométriques et générateur de mouvements. Il s'adapte aux différents registres du langage visuel : typographie, logo, signalétique. Le schème de la courbe présente les mêmes caractéristiques. De ces différents schèmes sont extraits des modules, formes géométrique facilement identifiables, donc utilisables. Ce n'est pas un hasard si l'expression "modulaire" est généralement entendue comme synonyme de "pratique". Les couleurs, ou plutôt les alliages de couleurs, inter- viennent pour qualifier tel module à un moment donné et pour un usage donné. On retrouve l'esthète. Les particules élémentaires ne seraient rien, ne produiraient rien, sans le ballet mathématique de la combinatoire. Car ce sont bien les diverses possiblités d'assemblages des modules, pour faire émerger des signes de plus en plus performants qui constituent la richesse d'un langage. La combinatoire, qui anaIyse les conditions de réalisation de toutes les hypothèses d'assemblages efficaces, ramène à l'ingénieur. |
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Différents travaux présentés sous vitrine lors de l'exposition ![]() |
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Grille gabarit de la chaine servant de positionnement des éléments de tous les génériques : élipse, texte de titrage ... | ![]() |
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Si l'on ajoute à cela, un souci de la mise en page qui se retrouve jusque dans le pointage de l'axe optique d'une caméra de studio sur le centre d'intérêt de l'image, c'est à dire la détermination du cadrage, donc l'organisation de l'espace sur le petit écran, on aura non pas la méthode Robial qu'il serait bien prétentieux d'extraire de tant d'activités graphiques mais quelques indications pour suivre à la trace un grand concepteur de signes. À quoi reconnait-on un grand concepteur de signes dans la foule des graphistes, créateurs, et designers ? À la certitude que, dans très longtemps, son style sera reconnaissable entre tous. Comme celui des facteurs d'instruments dont le nom recouvre celui de l'objet. On dira (on dit déjà) : "c'est du Robial". Alain Joannès, |