L'exposition
--   Robial le passeur
--
--
Illustrations
 
Illustrations
Logotypes des collections
Futuropolis

1982
Une solide connaissance des métiers des arts graphiques, une imagination pratique, ludique et efficace ; un esprit indépendant acquis à l'idée vitale de remise en cause de l'établi ; une vive curiosité pour les faits et gestes de notre culture ; une vision professionnelle, critique, éprouvée, du monde contemporain ; une qualité d'attention, d'écoute pour l'autre ; un besoin d'agir, de bouger, l'envie de savoir et de savoir-faire; le plaisir de faire, de faire savoir ; le désir de faire valoir... Tels s'esquissent quelques-uns des principes chers à Robial.
 
Des trois expériences de la librairie, de l'édition, de la bande dessinée, avec Futuropolis, à l'univers des chaînes TV Canal +, la Sept, et M6, en passant par le monde des médias papier, au milieu du sport avec la signalétique du parc des Princes ou la charte du PSG, l'activité de Robial s'exerce partout : à l'image heureuse, cousue main et diversifiée d'un véritable patchwork irlandais. Outre la réussite d'une aventure lancée hors des sentiers reconnus, I'intérêt de l'exposition porte sur l'identité d'une démarche créative, d'autant plus originale et forte qu'elle approche différents et multiples registres de la communication.
--
Différents travaux
présentés sous vitrine
lors de l'exposition
  Illustrations --
 
Le mariage réussit de la littérature avec la bande dessinnée. Futuropolis et Gallimard rassemblent entre autres Céline et Tardi (Mort à crédit), Pergaud et Cestac (La guerre des boutons) Illustrations
 
"L'important, dit Étienne Robial, est que je gagne ma vie avec la planète d'à côté. Quand je suis directeur artistique de Canal +, j'affirme ma sensibilité d'éditeur haut et fort. Avec un auteur, il est clair que je ne réalise pas seulement des livres, mais que j'anime l'image de Canal. Cela dit, l'une et l'autre fonctions pour moi puisent aux mêmes racines techniques, artisanales du graphisme. De même, lorsque je conçois une charte, un gabarit, une maquette, un numéro zéro, une typo ou un catalogue de traits hors des habitudes et des manipulations habiles ; idem, lorsque je travaille une édition hors des codes et des stéréotypes. Et Robial de préciser "avec cependant et en tous les cas, la plus grande exigence accordée au sens, au soin, de la réalisation".
exergue
En ouvrant des nouveaux territoires à l'expression, Étienne Robial est l'un de ceux qui comptent aujourd'hui parmi les initiateurs de notre actualité culturelle et les faiseurs de son histoire. En écoutant Robial, mieux, en découvrant son oeuvre, la création a lieu là où sans doute on ne s'y attend pas. Elle se passe dans la vie courante, en dépit de l'art, au risque de perdre son apparat lustré, le rituel muséographique, le label ministériel : mais pour faire oeuvre d'utilité publique. La création de Robial prend forme dans la rue, dans la société, au profit de la vie, pour la seule raison d'être de la vraie création qui invente l'avenir au service de la cité, de la jeunesse, des citoyens et des auteurs.
 
video Cet état d'esprit, toujours bien vivant chez Robial, reprend à son compte la caractéristique majeure d'une tendance qui, voulant intégrer l'art et la vie, cherche à rompre les académismes. Ce point de vue apparaît dans les années 10 avec les mouvements Dada et Bauhaus notamment, s'épanouit avant-après-guerre durant les "années Cendrars", pour s'accomplir dans les années 60 (Happening & Fluxus...).
Sur de nouveaux modes, selon de nouveaux réseaux, avec de nouveaux supports, Robial privilégie une attitude, valorise un comportement, installe des concepts, une déclinaison graphique, et se porte le garant de la mise en oeuvre du projet.
Le mot artiste lui fait horreur. Trop brut et pas assez polissé ! Celui de graphiste l'enferme dans une corporation. Trop étriqué ! Celui d'auteur lui convient à la rigueur, mais prête à confusion, respectueux qu'il est du travail de ses nombreux amis auteurs-dessinateurs-interprètes du livre et de la bande dessinée. Ceux d'éditeur ou de directeur artistique, d'installateur ou d'habilleur à la télé le renvoient à une fonction. Peu importe. Dans les faits, Étienne Robial est un passeur dont le travail important, essentiel, va se découvrir au fil des années, ouvrant surtout de nouvelles brèches dans les modalités et les conventions de notre regard.
Yann Pavie,
responsable de l'Artothèque
du groupe Michel Ferrier, 1993.