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... /... Certains des graphistes d'une nation avaient fait leurs études dans une des deux autres (Peter Pocs à Prague, Krzysztof Duki à Varsovie) et Karel Mísek lui-même a fréquenté l'académie des Beaux-Arts de Varsovie. Il existait donc dans le groupe des organisateurs des rapports d'amitié qui ont rendu possible une étroite coopération et la réalisation d'une telle exposition. "Solidarnosc" avait à peine gagné les élections en Pologne et, en Tchécoslovaquie, le Parti communiste était encore au pouvoir. Les événements de ces derniers mois sont devenus partie intégrante de l'histoire, mais ce nest pas ici le lieu de les récapituler. Quon dise seulement qu'il est important de rappeler que le texte de Karel Mísek pour la section consacrée à la Tchécoslovaque a été écrit au beau milieu des événements qui aboutirent à l'écroulement du régime et la nomination de Vaclav Havel à la présidence de la république tchécoslovaque. Pendant l'hiver 89/90, jai effectué plusieurs voyages à Budapest, Prague et Varsovie afin de choisir les affiches recueillies dans les trois pays. Mon séjour à l'Est a été l'occasion de rencontres avec des graphistes dont je ne connaissais que les oeuvres présentées à la Biennale. Ces instants m'ont permis d'approcher une production sur laquelle, en Europe occidentale, il n'y a pas d'information systématique.
En ce sens, l'exposition "l'affiche de l'Est" veut contribuer à combler une lacune. Sa préparation aura été le début d'une phase d'études et d'échanges favorisant l'acquisition de documents qui permettront probablement, plus tard, d'évaluer les changements survenus dans la création graphique de ces trois pays. L'exposition réunit une centaine d'affiches qui n'ont jamais pour la plupart été montrées en Europe occidentale. Un séminaire international précédant l'inauguration aura approfondi les caractéristiques d'une production graphique née à la veille de retentissantes modifications structurelles qui ne manqueront pas de l'affecter en retour. Du moins en ce qui concerne la Pologne et la Tchécoslovaquie, la situation étant différente en Hongrie. Ce problème des répercussions des bouleversements politiques dans le domaine du graphisme nous apparaît essentiel pour le développement futur des pratiques de communication visuelle dans les pays considérés. Nous espérons que l'ouverture à l'Ouest ne signifiera pas une homologation des langages (par conséquent l'abaissement général de leur niveau). Nous l'espérons avant tout pour eux, mais aussi pour que ne faiblisse pas l'intérêt que suscite leur graphisme à l'étranger. Vu l'importance du rôle de la culture et le poids donné à la question de l'identité nationale dernièrement, il vaut mieux que ce soit pour l'art graphique plus qu'une espérance, ce doit être une certitude.
Gianfranco Torri. (1990)
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