Pasargades, première capitale perse fondée par Cyrus au milieu du VIe siècle avant J.-C., perd son rôle prépondérant à partir de Darius, vers 520, lorsque Persépolis et d’autres villes réparties dans un Empire devenu immense (Suse, Ecbatane, Babylone) lui sont préférées.
Pasargades reste un centre économique actif, comme en témoignent plusieurs tablettes de Persépolis, mais sa fonction est difficile à définir, sans doute un haut-lieu dynastique et peut-être un centre religieux. Les textes et les données archéologiques ne permettent pas d’être plus précis, d’autant plus que la part respective qui revient à Cyrus dans les constructions et celle de Darius ne fait l’unanimité parmi les chercheurs ; ainsi les courtes inscriptions gravées sur les piliers de deux palais portant « Cyrus est le grand roi, l’Achéménide » et « Je suis Cyrus, le roi, l’Achéménide » sont, pour les uns l’œuvre de Cyrus, pour les autres un ajout de Darius. Dans ce dernier cas, on aurait la preuve que Pasargades gardait une signification importante pour ce successeur de Cyrus.

Le site 1/1 À 70 km au nord de Persépolis, Pasargades occupe la partie méridionale d’une grande plaine à 1 900 m d’altitude. Si elle n’est aussi bien située que Persépolis puis Shiraz sur les grandes voies de communication, elle est cependant sur le tracé d’une route importante entre Shiraz dans les montagnes et le Plateau iranien en direction de Isfahan au nord, Yazd et Kerman vers le nord-est. La route ancienne, directe, depuis le sud traverse une gorge dont certains secteurs ont été aménagés à une époque indéterminée.
La zone archéologique occupe plus de 200 hectares, depuis une plateforme construite sur une colline, flanquée d’une enceinte au nord, jusqu’au tombeau de Cyrus au sud. La plus grande partie du site est un espace presque plan, traversé du nord au sud par une rivière aujourd’hui disparue qui prend naissance sur la rivière Pulvar ; un autre cours d’eau borde le site à l’ouest. Quelle que soit la part prise par les hommes pour aménager le site, Pasargades bénéficie de bonnes conditions naturelles par son climat, ses ressources en eau et la qualité des terres arables.

Les monuments 1/5 Comparé à Persépolis, le site de Pasargades semble vide, au point que depuis un siècle, on a voulu y voir une capitale plus proche du camp royal qu’entretenaient les rois safavides et qajars jusqu’au XIXe siècle, que d’une véritable ville construite. Le petit nombre de monuments visibles en surface a renforcé l’image que les archéologues avaient à l’esprit, celle d’un campement, capitale de tentes d’un empire naissant. La réalité de cette image, qui reste à démontrer, est l’un des objectifs du nouveau projet de recherche sur Pasargades.
Les principaux monuments en pierre, une demi-douzaine ont été reconnus et sondés par E. Herzfeld en 1928. Les fouilles ont été poursuivies par A. Sami en 1949-1955, complétés (1961-1963) et soigneusement publiées (1978) par D. Stronach. D’autres traces, extérieures aux constructions conservées en surface, ont été relevées par Herzfeld, mais n’ont pas été exploitées jusqu’à présent.

La plateforme et l’enceinte polygonale 2/5 Cyrus a fait construire les murs de soutènement de la plateforme en bel appareil à bossage, technique apparue dans des cités grecques d’Asie Mineure hellénisée quelques décennies plus tôt seulement. Après sa victoire sur Crésus, le roi perse avait fait venir des artisans ioniens dans le Fars.
Les constructions portées par cette terrasse sont en briques crues ; elles sont postérieures à Cyrus et ne paraissent pas correspondre au plan d’un palais. Seule cette partie, la plus facile à défendre sur le site, sera réoccupée au début de l’époque séleucide, puis encore à l’époque islamique ancienne.
Cette construction est le point dominant d’une enceinte en briques crues qui couronne un arc de collines au nord et franchit deux dépressions entre celles-ci. L’espace protégé, plus de 20 ha, est resté inexploré.

Le jardin royal 3/5 À mi-chemin entre le tombeau de Cyrus au sud et la plateforme au nord, l’ensemble des cinq constructions à colonnes organisées autour d’un jardin, est le quartier royal officiel. Le centre en est occupé par un jardin de près de 3 hectares, peut-être divisé en quatre, en quelque sorte l’ancêtre du chahar bagh persan (« quatre jardins »).
L’aire aménagée en parc est certainement plus vaste, englobant les deux constructions hypostyles à portiques et deux pavillons également hypostyles jusqu’à la Porte monumentale à l’est, au-delà du pont antique qui franchit la rivière aujourd’hui asséchée.
Une partie de la décoration sculptée de ces bâtiments a survécu, mais les chapiteaux en pierre et les éléments peints, entrevus par Herzfeld, ne sont plus visibles aujourd’hui. Technique de la taille de la pierre et forme des bases de colonnes montrent ici encore l’intervention d’artisans ioniens. Le plan de ces bâtiments est perse, héritier d’une tradition iranienne attestée dans le Zagros.

Le tombeau de Cyrus 4/5 Cette belle construction en pierre, en forme de maison sur sept degrés (13,35 x 12,30 m à la base et 11,10 m de hauteur) est la plus connue de Pasargades. Sa destination, longtemps disputée, ne fait plus guère de doute, d’après les données archéologiques et les sources textuelles ; elle est la tombe de Cyrus (+529). Elle apparaît aujourd’hui isolée dans un terrain dénudé, mais les sources classiques disent clairement qu’elle était environnée de verdure, au point qu’on peut se demander si elle n’était pas intégrée dans le parc royal, dont le jardin central est distant d’un kilomètre.
Techniques de construction et détails architecturaux du tombeau évoquent l’art hellénisé d’Asie mineure. Mais dès le VIe siècle apparaît un mouvement inverse ; ce monument a peut-être inspiré un satrape ou un personnage important d’Asie mineure occidentale, qui a fait ériger à Sardes un tombeau comparable à celui de Cyrus.

Les autres constructions 5/5 L’énigmatique tour de 7 m de côté, appelée plus tard Zendan-i Solaiman, est distante de plus de 200 m du jardin et de 400 m de la plateforme ; tombe, temple, temple du feu, dépôt d’archives ou des symboles de la royauté, elle a résisté jusqu’ici à l’interprétation ; il n’est pas sôr qu’elle soit isolée d’autres constructions qui restent à découvrir.
À 1 km au nord-ouest de cette tour, les deux cubes en pierre et les traces d’une grande enceinte rectangulaire qui les protège apparaissent encore plus isolés du reste du site central, dont ils sont séparés par une haute colline. Ces « autels » ont également donné lieu à bien des hypothèses parmi lesquelles celles d’autels doubles ou bien d’un autel du feu et d’une estrade pour le roi officiant. La religion des Achéménides est si mal connue qu’elle autorise toutes les interprétations, depuis un mazdéisme primitif jusqu’au zoroastrisme véritable, tel qu’on le connaît des siècles plus tard.

Nouvelles recherches.
1/6 L’ensemble du site fait l’objet d’un nouveau programme franco-iranien sous l’égide de l’Organisation du Patrimoine culturel national d’Iran, soutenu par le Ministère des Affaires Étrangères et le CNRS (France).
Pasargades apparaît au visiteur comme un site pauvre en constructions ; on comprend que son aspect ait suscité l’hypothèse d’un vaste camp, ce qui satisfaisait à une certaine image de la mise en place de l’Empire achéménide, né de l’ascension rapide d’un roi, à l’origine petit chef de tribu, conservant son mode de vie de pasteur et de nomade.
C’est l’organisation de la capitale de l’empire avant Darius que le nouveau programme a commencé d’étudier en 1999. Est-ce plutôt un camp royal aménagé autour de quelques monuments symboliques, ou bien une véritable ville construite dont la plupart des éléments ne seraient plus visibles ?

2/6 Même dans l’hypothèse d’un camp, celui-ci doit avoir laissé des traces d’aménagement, marquées en surface et surtout décelables par différentes techniques d’investigation.
Ces traces sont étudiées à partir des observations et relevés anciens, de l’étude topographique minutieuse, à partir d’un nouveau relevé effectué par l’Organisation du Patrimoine culturel iranien en 1999 (sur Autocad), des photos aériennes anciennes (E.F. Schmidt 1935) et plus récentes (1969 et 1989) et d’une campagne photographique par cerf-volant, et surtout à partir de prospections géophysiques (magnétiques surtout mais aussi électriques).
Chance particulière, Pasargades n’a pas connu d’occupations antérieures, ni postérieures, sauf en de rares secteurs (plateforme et tombeau de Cyrus) : la lecture des cartes de prospection magnétique ne devraient faire apparaître que des structures achéménides ;
Le projet porte sur une reconnaissance du site au sens large, s’étendant au nord depuis l’origine du canal au nord de Seh Asiab et le village de Morghab jusqu’à l’aval du Tang-i Bulaghi au sud (environ 25 km2).

Les opérations 3/6 Le relevé topographique s’étend au-delà de la zone actuellement protégée, vers le nord (enceinte polygonale), le nord-ouest dans la zone de collines entre celle-ci et l’enceinte sacrée et au-delà, ainsi qu’à l’est du jardin royal ; ces secteurs sont largement cultivés aujourd’hui.
La prospection géophysique porte sur plus de 500 ha, selon une procédure à adapter au terrain, en particulier dans les zones cultivées. Les premiers résultats (méthode magnétique, quelques tests de résistivité électrique) dans la zone des palais et du Zendan, comme dans l’enceinte polygonale, ont été très fructueux ; ils ont aussi permis d’étalonner les réponses à partir des réponses donnés par des éléments anthropiques connus.
La prospection archéologique couvre un territoire élargi collines situées au nord de la zone protégée jusqu’à Tall-i Hazrat Ya’qub. Plusieurs d’entre elles portent à leur sommet des aménagements en pierres, parfois modestes, non datées, qui doivent être relevées. L’emamzadeh du Hazrat Ya’qub en particulier contient des éléments architecturaux en pierre, travaillés comme ceux des monuments de Pasargades même.

Premiers résultats des prospections magnétiques 4/6 Les constructions conservées sont en pierre, mais d’autres matériaux étaient mis en œuvre, comme la brique crue et la terre, comme l’ont montré les fouilles. La prospection magnétique nécessite donc la création d’un référentiel établi à partir des constructions connues ; elles permettent d’étalonner les mesures, donnant ainsi une indication sur les éventuels vestiges anciens et leur nature.
L’un des trois secteurs choisis est le jardin royal, prenant comme référence les canaux en pierre. Les 3 ha couverts dans le prolongement du quadrilatère (chahar bagh) au sud et hors de celui-ci à l’est sont traversés par des alignements orientés comme les canaux et les constructions. Il est probable que le réseau de canaux s’étend jusqu’à la rivière. De petites structures isolées apparaissent également dans l’axe du Palais S. La rive gauche jusqu’à la Porte R et un mur d’enceinte (?) n’a pas encore été explorée. Au sud du jardin, des alignements se laissent lire entre le Palais S et un monticule de forme quadrangulaire déjà repéré par Herzfeld.

5/6 Le second secteur prospecté est à l’est de la tour Zendan-i Sulaiman oò relevés de Herzfeld et photos aériennes montrent un tepe de forme quadrangulaire et des alignements. Selon la prospection, le tepe recouvre une construction de 45 m de côté environ dont les murs extérieurs sont en pierre. Les angles sont en forme de tours saillantes et l’intérieur est divisé par des alignements. A l’extérieur à l’est, la prospection confirme des longs alignements.
Le troisième secteur, à l’extérieur de la zone archéologique protégée, couvre 1,25 ha dans l’enceinte polygonale, qu’un sondage a identifié comme un épais mur en briques crues. la prospection confirme l’existence de cette masse de terre, mais ajoute à l’intérieur, sur la pente vers le fond plat de la dépression de nombreuses formes quadrangulaires juxtaposées. Par contraste, le fond plat, aujourd’hui cultivé, paraît vide de tout aménagement.

L’exploration du Tang-i Bulaghi 6/6 Toutes les eaux de la de la plaine de Morghab convergent au sud du tombeau de Cyrus et s’engouffrent dans un défilé, étroit au départ, qui s’élargit après 4 kilomètres jusqu’à son débouché 12 km plus loin, près de Sivand, dans la vallée principale qui conduit à Persépolis.
« Route royale » rupestre sur la rive droite sur quelque 500 m en plusieurs tronçons, canal rupestre sur la rive gauche sont représentés par des aménagements encore bien visibles aujourd’hui. Ces travaux dans la roche, achéménides ou bien plus récents, suscitent bien des interrogations : faible largeur de la « voie », 1,70 m au maximum, mais souvent 1 m, parfois réduite à 0,50 m, comme on l’a observé en 1999 ; forts pendages du « canal » tantôt vers l’amont, tantôt vers l’aval, nombreuses sections inachevées. En aval de la gorge, dans la partie élargie de la vallée, les traces de travaux rupestres sont remplacées par une sorte de chaussée ou mur, construit en pierres, large de 2 m, longeant la rivière et compensant les déclivités et les accidents de terrain par une maçonnerie à peu près horizontale.
Parties rupestres et parties construites représentent ensemble un gros investissement de travail dont la fonction et la date restent à déterminer. Dans une première phase, les vestiges doivent être relevés en détail, puis assemblés en plan et en section.

Perspectives 1/1 Les prospections, préliminaires valident l’emploi de la méthode magnétique qui, le cas échéant, est complétée ou confirmée par la méthode électrique, pour distinguer les structures en pierre de celles en briques ou terre (tests dans le jardin royal). La superficie prospectée (7,25 ha sur plus de 200) a valeur de test. Elle fait apparaître, avant toute interprétation, l’existence en plusieurs secteurs d’aménagements en pierre dont rien, ou de micro-reliefs, n’apparaissait en surface : quelle que soit leur extension, leur plan et leur fonction, elles démontrent déjà la présence d’autres constructions que celles que l’on connaissait ; elles sont parfois importantes et surtout elles remettent certains bâtiments isolés dans un ensemble construit plus vaste et plus complexe.
La poursuite du programme dans ces secteurs, et surtout au-delà de la zone protégée, devrait modifier considérablement l’image de la capitale de Cyrus.
Les mêmes méthodes appliquées dans toutes les directions vers l’extérieur devraient atteindre des limites, c’est-à-dire mettre en évidence un contraste entre une zone périphérique aménagée et les environs de la ville de Pasargades qui auraient supporté des activités agricoles, élevage et agriculture, dont les traces seront très ténues ou invisibles.

Légendes Pasargades

001 Le tombeau de Cyrus dans son état actuel 002 Le tombeau de Cyrus en 1840 (dessin de Flandin et Coste) 003 Plan schématique de Pasargades localisant les monuments visibles en surface.
004 La tour appelée depuis le Moyen-Age Zendan-i Solaiman (« la prison de Salomon ») très semblable à celle de Naqsh-i Rusqtam. La fonction de l’une et l’autre reste inconnue.
005 Le palais P appelé aussi Palais résidentiel est une salle hypostyle rectangulaire à deux poortiques très débordants.
006 Le palais S appelé aussi Palais d’audience, salle hypostyle à portiques 007 Plateforme appelée Takht-i Solaiman, construction en pierres appareillées, de l’époque de Cyrus 008 Détail de l’appareil du Takht-i Solaiman. Les cavités correspondent au pillage des crampons métalliques pour en récupérer le plomb.
009 L’angle de la plateforme Takht-i Solaiman 010 Lesdeux « autels » en pierre de Pasargades, tous deux monolithiques.
011 Le centre du site oò apparaissent des micro-reliefs rectilignes. Ils peuvent correspondre à des structures antiques ou des murs bordant des champs modernes.
012 Entre le Tall-i Takht et le jardin royal, le lit de la rivière ancienne est encore lisible.
013 Le jardin royal est marqué par un réseau de canaux en pierres appareillées.
014 Détail d’un bassin disposé tous les 14 m sur le réseau de caneaux 015 Relevé du site et des environs en 1938 par E. Herzfeld et Friedrich Krefter.
016 Prospection magnétique avec un gradiomètre au cesium dans la zone du jardin royal.
017 L’image géophysique complète le réseau de canaux dans le jardin royal. D’autres structures restent à interpréter.
018 L’image géophysique près de la tour du Zendan-i Solaiman (à gauche) fait apparaître le plan d’une grande construction aux angles renforcés de tours.
(À venir) Plan de la partie centrale du site. Les constructions sont disposées dans un jardin ou parc.
(À venir) Photo aérienne (E.F. Schmidt 1935) montrant le tracé de l’enceinte polygonale, en briques crues selon un sondage, qui s’accroche à la plateforme du Takht-i Solaiman.
(À venir) Photo aérienne (E.F. Schmidt 1935) sur la partie centrale et méridionale du site en direction de la gorge Tang-i Bulaghi.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Présentation générale

Pasargades, première capitale perse fondée par Cyrus au milieu du VIe siècle avant J.-C., perd son rôle prépondérant à partir de Darius, vers 520, lorsque Persépolis et d’autres villes réparties dans un Empire devenu immense (Suse, Ecbatane, Babylone) lui sont préférées.
Pasargades reste un centre économique actif, comme en témoignent plusieurs tablettes de Persépolis, mais sa fonction est difficile à définir, sans doute un haut lieu dynastique et peut-être un centre religieux. Les textes et les données archéologiques ne permettent pas d’être plus précis, d’autant plus que la part respective qui revient à Cyrus dans les constructions et celle de Darius ne fait l’unanimité parmi les chercheurs ; ainsi les courtes inscriptions gravées sur les piliers de deux palais portant « Cyrus est le grand roi, l’Achéménide » et « Je suis Cyrus, le roi, l’Achéménide » sont, pour les uns l’œuvre de Cyrus, pour les autres un ajout de Darius. Dans ce dernier cas, on aurait la preuve que Pasargades gardait une signification importante pour ce successeur de Cyrus.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Le site 1/1 À 70 km au nord de Persépolis, Pasargades occupe la partie méridionale d’une grande plaine à 1 900 m d’altitude. Si elle n’est aussi bien située que Persépolis puis Shiraz sur les grandes voies de communication, elle est cependant sur le tracé d’une route importante entre Shiraz dans les montagnes et le Plateau iranien en direction de Isfahan au nord, Yazd et Kerman vers le nord-est. La route ancienne, directe, depuis le sud traverse une gorge dont certains secteurs ont été aménagés à une époque indéterminée.
La zone archéologique occupe plus de 200 hectares, depuis une plateforme construite sur une colline, flanquée d’une enceinte au nord, jusqu’au tombeau de Cyrus au sud. La plus grande partie du site est un espace presque plan, traversé du nord au sud par une rivière aujourd’hui disparue qui prend naissance sur la rivière Pulvar ; un autre cours d’eau borde le site à l’ouest. Quelle que soit la part prise par les hommes pour aménager le site, Pasargades bénéficie de bonnes conditions naturelles par son climat, ses ressources en eau et la qualité des terres arables.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

La plate-forme et l’enceinte polygonale

Comparé à Persépolis, le site de Pasargades semble vide, au point que depuis un siècle, on‡ a voulu y voir une capitale plus proche du camp royal qu’entretenaient les rois safavides et qajars jusqu’au XIXe siècle, que d’une véritable ville construite. Le petit nombre de monuments visibles en surface a renforcé l’image que les archéologues avaient à l’esprit, celle d’un campement, capitale de tentes d’un empire naissant. La réalité de cette image, qui reste à démontrer, est l’un des objectifs du nouveau projet de recherche sur Pasargades.
Les principaux monuments en pierre, une demi-douzaine ont été reconnus et sondés par E. Herzfeld en 1928. Les fouilles ont été poursuivies par A. Sami en 1949-1955, complétés (1961-1963) et soigneusement publiées (1978) par D. Stronach. D’autres traces, extérieures aux constructions conservées en surface, ont été relevées par Herzfeld, mais n’ont pas été exploitées jusqu’à présent.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

La plateforme et l’enceinte polygonale 2/5

Cyrus a fait construire les murs de soutènement de la plateforme en bel appareil à bossage, technique apparue dans des cités grecques d’Asie Mineure hellénisée quelques décennies plus tôt seulement. Après sa victoire sur Crésus, le roi perse avait fait venir des artisans ioniens dans le Fars.
Les constructions portées par cette terrasse sont en briques crues ; elles sont postérieures à Cyrus et ne paraissent pas correspondre au plan d’un palais. Seule cette partie, la plus facile à défendre sur le site, sera réoccupée au début de l’époque séleucide, puis encore à l’époque islamique ancienne.
Cette construction est le point dominant d’une enceinte en briques crues qui couronne un arc de collines au nord et franchit deux dépressions entre celles-ci. L’espace protégé, plus de 20 ha, est resté inexploré.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Le jardin royal 3/5 À mi-chemin entre le tombeau de Cyrus au sud et la plateforme au nord, l’ensemble des cinq constructions à colonnes organisées autour d’un jardin, est le quartier royal officiel. Le centre en est occupé par un jardin de près de 3 hectares, peut-être divisé en quatre parties marquées par des canaux, en quelque sorte l’ancêtre du chahar bagh persan (« quatre jardins »).
L’aire aménagée en parc est certainement plus vaste, englobant les deux constructions hypostyles à portiques et deux pavillons également hypostyles jusqu’à la Porte monumentale à l’est, au-delà du pont antique qui franchit la rivière aujourd’hui asséchée.
Une partie de la décoration sculptée de ces bâtiments a survécu, mais les chapiteaux en pierre et les éléments peints, entrevus par Herzfeld, ne sont plus visibles aujourd’hui. Technique de la taille de la pierre et forme des bases de colonnes montrent ici encore l’intervention d’artisans ioniens. Le plan de ces bâtiments est perse, héritier d’une tradition iranienne attestée dans le Zagros.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Le tombeau de Cyrus 4/5 Cette belle construction en pierre, en forme de maison sur sept degrés (13,35 x 12,30 m à la base et 11,10 m de hauteur) est la plus connue de Pasargades. Sa destination, longtemps disputée, ne fait plus guère de doute, d’après les données archéologiques et les sources textuelles ; elle est la tombe de Cyrus (+529). Elle apparaît aujourd’hui isolée dans un terrain dénudé, mais les sources classiques disent clairement qu’elle était environnée de verdure, au point qu’on peut se demander si elle n’était pas intégrée dans le parc royal, dont le jardin central est distant d’un kilomètre.
Techniques de construction et détails architecturaux du tombeau évoquent l’art hellénisé d’Asie mineure. Mais dès le VIe siècle apparaît un mouvement inverse ; ce monument a peut-être inspiré un satrape ou un personnage important d’Asie mineure occidentale, qui a fait ériger à Sardes un tombeau comparable à celui de Cyrus.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Les autres constructions 5/5 L’énigmatique tour de 7 m de côté, appelée plus tard Zendan-i Solaiman, est distante de plus de 200 m du jardin et de 400 m de la plateforme ; tombe, temple, temple du feu, dépôt d’archives ou des symboles de la royauté, elle a résisté jusqu’ici à l’interprétation ; il n’est pas sôr qu’elle soit isolée d’autres constructions qui restent à découvrir.
À 1 km au nord-ouest de cette tour, les deux cubes en pierre et les traces d’une grande enceinte rectangulaire qui les protège apparaissent encore plus isolés du reste du site central, dont ils sont séparés par une haute colline. Ces « autels » ont également donné lieu à bien des hypothèses parmi lesquelles celles d’autels doubles ou bien d’un autel du feu et d’une estrade pour le roi officiant. La religion des Achéménides est si mal connue qu’elle autorise toutes les interprétations, depuis un mazdéisme primitif jusqu’au zoroastrisme véritable, tel qu’on le connaît des siècles plus tard.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

L’organisation de la capitale de l’empire avant Darius

L’ensemble du site fait l’objet d’un nouveau programme franco-iranien sous l’égide de l’Organisation du Patrimoine culturel national d’Iran, soutenu par le Ministère des Affaires Étrangères et le CNRS (France).
Pasargades apparaît au visiteur comme un site pauvre en constructions ; on comprend que son aspect ait suscité l’hypothèse d’un vaste camp, ce qui satisfaisait à une certaine image de la mise en place de l’Empire achéménide, né de l’ascension rapide d’un roi, à l’origine petit chef de tribu, conservant son mode de vie de pasteur et de nomade.
C’est l’organisation de la capitale de l’empire avant Darius que le nouveau programme a commencé d’étudier en 1999. Est-ce plutôt un camp royal aménagé autour de quelques monuments symboliques, ou bien une véritable ville construite dont la plupart des éléments ne seraient plus visibles ?

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Étude topographique

2/6

Même dans l’hypothèse d’un camp, celui-ci doit avoir laissé des traces d’aménagement, marquées en surface et surtout décelables par différentes techniques d’investigation.
Ces traces sont étudiées à partir des observations et relevés anciens, de l’étude topographique minutieuse, à partir d’un nouveau relevé effectué par l’Organisation du Patrimoine culturel iranien en 1999 (sur Autocad), des photos aériennes anciennes (E.F. Schmidt 1935) et plus récentes (1969 et 1989) et d’une campagne photographique par cerf-volant, et surtout à partir de prospections géophysiques (magnétiques surtout mais aussi électriques).
Chance particulière, Pasargades n’a pas connu d’occupations antérieures, ni postérieures, sauf en de rares secteurs (plateforme et tombeau de Cyrus) : la lecture des cartes de prospection magnétique ne devrait faire apparaître que des structures achéménides ;
Le projet porte sur une reconnaissance du site au sens large, s’étendant au nord depuis l’origine du canal au nord de Seh Asiab et le village de Morghab jusqu’à l’aval du Tang-i Bulaghi au sud (environ 25 km2).

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Les opérations 3/6 Le relevé topographique s’étend au-delà de la zone actuellement protégée, vers le nord (enceinte polygonale), le nord-ouest dans la zone de collines entre celle-ci et l’enceinte sacrée et au-delà, ainsi qu’à l’est du jardin royal ; ces secteurs sont largement cultivés aujourd’hui.
La prospection géophysique porte sur plus de 500 ha, selon une procédure à adapter au terrain, en particulier dans les zones cultivées. Les premiers résultats (méthode magnétique, quelques tests de résistivité électrique) dans la zone des palais et du Zendan, comme dans l’enceinte polygonale, ont été très fructueux ; ils ont aussi permis d’étalonner les réponses à partir des réponses données par des éléments anthropiques connus.
La prospection archéologique couvre un territoire élargi aux collines situées au nord de la zone protégée jusqu’à Tall-i Hazrat Ya’qub. Plusieurs d’entre elles portent à leur sommet des aménagements en pierres, parfois modestes, non datées, qui doivent être relevées. L’emamzadeh du Hazrat Ya’qub en particulier contient des éléments architecturaux en pierre, travaillés comme ceux des monuments de Pasargades même.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Premiers résultats des prospections magnétiques 4/6 Les constructions conservées sont en pierre, mais d’autres matériaux étaient mis en œuvre, comme la brique crue et la terre, comme l’ont montré les fouilles. La prospection magnétique nécessite donc la création d’un référentiel établi à partir des constructions connues ; elles permettent d’étalonner les mesures, donnant ainsi une indication sur les éventuels vestiges anciens et leur nature.
L’un des trois secteurs choisis est le jardin royal, prenant comme référence les canaux en pierre. Les 3 ha couverts dans le prolongement du quadrilatère (chahar bagh) au sud et hors de celui-ci à l’est sont traversés par des alignements orientés comme les canaux et les constructions. Il est probable que le réseau de canaux s’étend jusqu’à la rivière. De petites structures isolées apparaissent également dans l’axe du Palais S. La rive gauche jusqu’à la Porte R et un mur d’enceinte (?) n’a pas encore été explorée. Au sud du jardin, des alignements se laissent lire entre le Palais S et un monticule de forme quadrangulaire déjà repéré par Herzfeld.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

5/6 Les autres secteurs

Le second secteur prospecté est à l’est de la tour Zendan-i Sulaiman oò relevés de Herzfeld et photos aériennes montrent un tepe de forme quadrangulaire et des alignements. Selon la prospection, le tepe recouvre une construction de 45 m de côté environ dont les murs extérieurs sont en pierre. Les angles sont en forme de tours saillantes et l’intérieur est divisé par des alignements. À l’extérieur à l’est, la prospection confirme des longs alignements.
Le troisième secteur, à l’extérieur de la zone archéologique protégée, couvre 1,25 ha dans l’enceinte polygonale, qu’un sondage a identifié comme un épais mur en briques crues. la prospection confirme l’existence de cette masse de terre, mais ajoute à l’intérieur, sur la pente vers le fond plat de la dépression de nombreuses formes quadrangulaires juxtaposées. Par contraste, le fond plat, aujourd’hui cultivé, paraît vide de tout aménagement.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

L’exploration du Tang-i Bulaghi 6/6 Toutes les eaux de la de la plaine de Morghab convergent au sud du tombeau de Cyrus et s’engouffrent dans un défilé, étroit au départ, qui s’élargit après 4 kilomètres jusqu’à son débouché 12 km plus loin, près de Sivand, dans la vallée principale qui conduit à Persépolis.
« Route royale » rupestre sur la rive droite sur quelque 500 m en plusieurs tronçons, canal rupestre sur la rive gauche sont représentés par des aménagements encore bien visibles aujourd’hui. Ces travaux dans la roche, achéménides ou bien plus récents, suscitent bien des interrogations : faible largeur de la « voie », 1,70 m au maximum, mais souvent 1 m, parfois réduite à 0,50 m, comme on l’a observé en 1999 ; forts pendages du « canal » tantôt vers l’amont, tantôt vers l’aval, nombreuses sections inachevées. En aval de la gorge, dans la partie élargie de la vallée, les traces de travaux rupestres sont remplacées par une sorte de chaussée ou mur, construit en pierres, large de 2 m, longeant la rivière et compensant les déclivités et les accidents de terrain par une maçonnerie à peu près horizontale.
Parties rupestres et parties construites représentent ensemble un gros investissement de travail dont la fonction et la date restent à déterminer. Dans une première phase, les vestiges doivent être relevés en détail, puis assemblés en plan et en section.

Pasargades • monuments • nouvelles recherches • perspectives

Perspectives 1/1 Les prospections, préliminaires valident l’emploi de la méthode magnétique qui, le cas échéant, est complétée ou confirmée par la méthode électrique, pour distinguer les structures en pierre de celles en briques ou terre (tests dans le jardin royal). La superficie prospectée (7,25 ha sur plus de 200) a valeur de test. Elle fait apparaître, avant toute interprétation, l’existence en plusieurs secteurs d’aménagements en pierre dont rien, ou de micro-reliefs, n’apparaissait en surface : quelle que soit leur extension, leur plan et leur fonction, elles démontrent déjà la présence d’autres constructions que celles que l’on connaissait ; elles sont parfois importantes et surtout elles remettent certains bâtiments isolés dans un ensemble construit plus vaste et plus complexe.
La poursuite du programme dans ces secteurs, et surtout au-delà de la zone protégée, devrait modifier considérablement l’image de la capitale de Cyrus.
Les mêmes méthodes appliquées dans toutes les directions vers l’extérieur devraient atteindre des limites, c’est-à-dire mettre en évidence un contraste entre une zone périphérique aménagée et les environs de la ville de Pasargades qui auraient supporté des activités agricoles, élevage et agriculture, dont les traces seront très ténues ou invisibles.

Pasargades — Architecture du site

1. Pasargades : présentation générale Carte générale pour situer Pasargades.
[Pasargades 01] 2. Le site : présentation Pasargades 015 Pasargades 003 Pasargades 001 Pasargades 002 Pasargades 012 Pasargades 020 Pasargades 019 [Pasargades 02]

3. Les monuments 3.1. Présentation des monuments Pasargades 003 [Pasargades 03]

3.2. La plate-forme et l’enceinte polygonale Pasargades 007 Pasargades 008 Pasargades 009 Pasargades 01 9 [Pasargades 04]

3.3. Le jardin royal Plan jardin Stronach [à venir] Pasargades 013 Pasargades 005 Pasargades 006 [Pasargades 05]

3.4. Le tombeau de Cyrus Pasargades 001 Pasargades 002 [Pasargades 06] 3.5. Les autres constructions Pasargades 004 Pasargades 010 [Pasargades 07]

4. Les nouvelles recherches

4.1. L’organisation de la capitale de l’empire avant Darius [Pasargades 08]

4.2. Étude topographique Pasargades 011 Pasargades 015 [Pasargades 09]

4.3. Les opérations Pasargades 015 [Pasargades 10]

4.4. Premiers résultats des prospections magnétiques :
4.4.1. Le jardin royal Pasargades 016 Pasargades 014 Pasargades 017 Plan de la partie centrale du site. Les constructions disposées dans un jardin ou parc.
[Pasargades 11]

4.4.2. Les autres secteurs Pasargades 018 [Pasargades 12]

4.5. L’exploration de Tang-i Bulaghi Pasargades 015 Pasargades 019

[Pasargades 13]

5. Perspectives [Pasargades 14]